« Jean-Michel Dutillie, un artiste allergique à la routine »

Source : La Voix du Nord, 30 septembre 2024, Florence Dumortier. (Article en ligne)

À 63 ans, l’artiste chapellois affirme avoir eu « 10 000 vies ». Avec une constante, l’art qu’il aime décliner sous différentes formes. « Varier les plaisirs », dit-il.


Jean-Michel Dutillie, un artiste allergique à la routine

Boulangerie, auto-école, bistrot, EPSM… Jean-Michel Dutillie raconte plusieurs carrières. « 10 000 vies », résume-t-il mais une passion pour l’art depuis la naissance. « J’ai dû commencer à dessiner dans le ventre de ma mère », plaisante-t-il en évoquant une passion à la limite de la pathologie.


Plus que des corps ou des visages, l’artiste cherche à retranscrire des personnalités.


Des gribouillages d’enfance, le Chapellois a passé la vitesse supérieure en 1986, en démarrant directement à l’huile à la suite d’un ami qui pratiquait déjà. « J’ai touché un peu à tous les sujets. Et j’ai commencé à faire des parapluies, une série baptisée Les Pébroques… C’est là qu’une galerie hazebrouckoise, la galerie Jazz, a commencé à s’intéresser à moi. » Après avoir fait une cinquantaine de parapluies, « de toutes les tailles et ça se vendait comme des petits pains », l’artiste confie en avoir eu assez. « J’ai eu besoin de diversité pour ne pas tomber dans la routine. »


S’en suit alors la période paysages. Et surtout la période femmes avec une nouvelle série, les elfes. « Je suis parti de photos de dames et j’ai mis six ans pour réaliser la série », se souvient celui qui se définit comme un « peintre de tempérament ». Comprenez que plus que des corps ou des visages, l’artiste cherche à retranscrire des personnalités.


Un attrait pour l’humain qui le pousse aujourd’hui à se lancer dans ce nouveau projet, un happening qui démarre le 1er octobre… « L’idée est née après le covid. Je sentais que les gens avaient besoin de quelque chose. » Si, au départ, l’idée était de relancer les Fenêtres qui parlent dans sa rue, elle a vite été abandonnée, faute de combattants.


Un jeu autour d’un projet « vaches ».


Mais l’artiste ne s’est pas découragé pour autant, habité par cette envie de monter un projet intergénérationnel. Les « vaches » étaient sur les rails. Le concept ? Un artiste, quatre toiles et quatre gamins. « J’ai peint quatre têtes de vache, à charge pour les enfants d’y joindre un texte. » Avec leurs mots, leur inspiration, le tout reproduit sur les toiles qui seront exposées au bar tabac Au Commerce et sur les fenêtres de quelques habitations de la rue Mille.


Pour animer encore plus le projet, l’artiste chapellois a choisi d’en faire un jeu. À chacun de retrouver une lettre sur chacun des tableaux pour former un mot. À la clé, pour l’heureux gagnant, un gâteau offert par la boulangerie Saint-Pierre. Une manière aussi de fédérer un quartier, ses habitants, ses commerçants autour d’un même projet.


Concours jusqu’au 16 octobre. Dans le cadre des portes ouvertes des ateliers d’artistes, on peut venir rencontrer Jean-Michel Dutillie, au 70, rue Mille à La Chapelle-d’Armentières, samedi et dimanche de 10 h à 12 h et de 14 h à 18 h.