« La Couture : Marc Bourgne, un parrain à voile et à moteur pour le Salon du livre et de la BD »
Pour sa 35e édition, le Salon du livre et de la BD de La Couture s’offre un parrain éclectique. Marc Bourgne, 47 ans, est aussi habile au grand large – il scénarise Les Pirates de Barataria – que sur le bord des pistes – il dessine Michel Vaillant.
Comment êtes-vous devenu auteur de BD ?
« J’ai eu la révélation à 6 ans avec Tintin, Le Crabe aux pinces d’or : Quand je serai grand, je serai Hergé ! Ensuite, j’ai passé mon temps libre à inventer et dessiner des histoires. Pour avoir un métier sérieux avant d’être publié – je me donnais dix ans – j’ai commencé à enseigner l’histoire-géo en collège. J’ai envoyé aux éditeurs la première BD que je jugeais assez bonne. La Grande Terre est devenu mon premier album. Je ne suis resté prof qu’un trimestre. »
Vous sentez-vous plutôt dessinateur ou scénariste ?
« J’ai commencé comme auteur complet et je n’ai jamais su choisir. Je suis scénariste ou dessinateur en fonction des projets. J’ai la chance d’illustrer des scénarios de Stephen Desberg (IR$ Team) ou Denis Lapière (Michel Vaillant), dont j’admire le travail de longue date. Mais je laisse la barre des Pirates de Barataria à Franck Bonnet, qui dessine très bien les bateaux. »
Reprendre « Michel Vaillant », c’est une consécration ?
« Un rêve de gosse ! C’est un des plus grands mythes de la BD franco-belge. Michel Vaillant a passionné tous les gamins, donné envie à Alain Prost de courir en Formule 1… Et la série a gardé son pouvoir d’attraction : quand on va en repérage sur les circuits, on nous ouvre toutes les portes. »
Les albums que vous avez cosignés sont sous-titrés « nouvelle saison ». La série est-elle devenue adulte ?
« Quand Denis Lapière (scénario), Benjamin Benéteau (décors et véhicules) et moi (personnages) avons repris la série, Philippe Graton (le fils de Jean, créateur de la série) m’a demandé de ne pas imiter le coup de crayon de son père, quitte à brusquer les vieux lecteurs nostalgiques.
Jean voulait que Michel Vaillant évolue avec son temps. Les scénaristes s’efforcent d’ancrer la série dans l’actualité du sport auto – on croisait déjà des vrais pilotes avant – mais aussi de l’industrie automobile, tout en complexifiant les relations entre les personnages. Avant, seuls les jeunes lisaient Michel Vaillant. Aujourd’hui, la majorité des lecteurs de BD sont adultes et nous devons nous adresser à eux. »
Michel Vaillant lui-même pourrait-il vieillir ?
« Il a déjà vieilli ! Il est devenu père il y a quarante ans dans une histoire courte. On n’avait plus revu son fils mais il revient, adolescent, dans les derniers albums. De fait, Michel a pris vingt ans depuis sa création en 1957. »
Comment travaillez-vous avec Benjamin Benéteau ?
« C’est moins compliqué qu’on pourrait le croire. D’abord, on se documente à la source : nous sommes allés en repérages à Monza pour notre premier album et sur le rallye international du Valais, en Suisse, pour le dernier, Liaison dangereuse. Ensuite, je réalise un story-board (un croquis de la planche), que je soumets à l’approbation de Philippe et Denis.
Puis je dessine les personnages sur papier à l’encre de Chine, à l’ancienne. Enfin, Benjamin scanne ma planche et ajoute les décors sur palette graphique. »
Participez-vous souvent à des salons ou à des festivals BD ?
« Assez souvent. Je fais partie de ceux qui prennent plaisir à la séance de dédicaces. J’aime ce petit défi graphique, enchaîner des dessins sur commande pendant cinq heures. Et aussi l’ambiance conviviale des salons, où on retrouve collègues et amis. »
Avez-vous des projets de nouvelles séries ? Un rêve ?
« Un western, comme tout le monde ! Plus sérieusement, j’ai signé pour un tome d’une série collective intitulée L’Art du crime et j’ai un projet de roman graphique. »
Salon du livre et de la BD, aujourd’hui et demain de 10 h à 19 h, salle des sports. Gratuit.